LE MESSAGE
La porte que quelqu'un a ouverte
La porte que quelqu'un a refermée
La chaise où quelqu'un s'est assis
Le chat que quelqu'un a caressé
Le fruit que quelqu'un a mordu
La lettre que quelqu'un a lue
La chaise que quelqu'un a renversée
La porte que quelqu'un a ouverte
La route où quelqu'un court encore
Le bois que quelqu'un traverse
La rivière où quelqu'un se jette
L'hôpital où quelqu'un est mort.
La porte que quelqu'un a refermée
La chaise où quelqu'un s'est assis
Le chat que quelqu'un a caressé
Le fruit que quelqu'un a mordu
La lettre que quelqu'un a lue
La chaise que quelqu'un a renversée
La porte que quelqu'un a ouverte
La route où quelqu'un court encore
Le bois que quelqu'un traverse
La rivière où quelqu'un se jette
L'hôpital où quelqu'un est mort.
Jacques Prévert, in Paroles
Le message est un poème de Jacques Prévert dont le sujet est la fragilité de la vie.
Le poème peut être divisé en deux moitiés symétriques, de six vers chacune.
Dans la première, le poète nous présente la vie quotidienne d’un personnage anonyme à travers des actions habituelles : arriver à la maison, s’asseoir, manger, lire le courrier. La reprise anaphorique transmet du calme. Le vocabulaire utilisé (le chat, la caresse, la chaise, le fruit) dégagent du bonheur.
La porte que quelqu'un a ouverte
La porte que quelqu'un a refermée
La chaise où quelqu'un s'est assis
Le chat que quelqu'un a caressé
Le fruit que quelqu'un a mordu
La lettre que quelqu'un a lue
La porte que quelqu'un a refermée
La chaise où quelqu'un s'est assis
Le chat que quelqu'un a caressé
Le fruit que quelqu'un a mordu
La lettre que quelqu'un a lue
Cependant sous l’anonymat de cet indéfini « quelqu’un » on ressent l’annonce d’une inquiétude : Il y a quelque chose qui ne va pas !
Dans la deuxième partie la vie quotidienne est interrompue par les mauvaises nouvelles de la lettre qui précipitent notre personnage au suicide. L’agitation de ces six derniers vers se repère dans les actions : chaise renversée, courir, traverser, jeter…, même dans les lieux hors de la maison : la route, le bois, la rivière, l’hôpital, et finalement, la Mort.
La chaise que quelqu'un a renversée
La porte que quelqu'un a ouverte
La route où quelqu'un court encore
Le bois que quelqu'un traverse
La rivière où quelqu'un se jette
L'hôpital où quelqu'un est mort.
Conclusion : La vie ne dépend que d’un fil. Un petit fait quotidien tel que la lecture d’une lettre déclenche le bouleversement d’une vie.
La porte que quelqu'un a ouverte
La route où quelqu'un court encore
Le bois que quelqu'un traverse
La rivière où quelqu'un se jette
L'hôpital où quelqu'un est mort.