vendredi 25 mars 2011

Il s'en passe des choses

Il s’en passe des choses dans ma cité


Il s’en passe des choses dans ma cité.
Il n’y a qu’à regarder.
Moi, un jour, j’ai dit: “J’arrête, je regarde.”
J’ai posé par terre mes deux sacs.
Je me suis assis. J’ai regardé.

Les gens venaient
Les gens marchaient
Les gens passaient
Les gens tournaient
Les gens filaient
Les gens glissaient
Les gens dansaient
Les gens parlaient
Gesticulaient
Les gens criaient
Les gens riaient
Les gens pleuraient
Disparaissaient.

Il s’en passe des choses dans ma cité.
Il n’y a qu’à regarder.
On voit de tout, on peut tout voir.
Mais ce qu’on ne voit jamais dans ma cité, c’est un regard.
Un regard qui vous regarde et qui s’attarde.

Les gens naissaient
Les gens vivaient
Les gens mourraient.

Et moi, je restais sur mon banc de pierre, encadré par mes deux sacs.
Je regardais.
C’est merveilleux: partout où il y a des femmes, partout où il y a des hommes,
Partout il y a la vie.
J’aurai dû me lever. Leur tendre la main.
Leur dire: “Salut. Bonjour! J’existe.
Et vous? Vous existez?”

Je suis resté assis.
Le plus souvent, c’est ainsi que les choses se passent.


Guy Foissy
Il s’en passe des choses, dans ma cité.


Une personne vit sa vie sans faire attention à ce qui se passe autour d’elle, jusqu’au jour où elle décide de s’arrêter et d’ observer les gens.
Il a vu que des gens qui allaient, qui venaient, qui marchaient, qui rirent…mais personne ne regardait les autres. Il ne pensaient qu’à leurs affaires. Personne ne regarde ce qu’il y a autour d’eux.
Isabel Fernández